Pour s'armer face au patriarcat, s'informer sur le féminisme, savoir quoi répondre à celles et ceux qui pensent que les inégalités entre les femmes et les hommes n'existent pas et surtout s'empuissancer, rien de tel que la lecture d'essais féministes. Feminists in the City vous en a sélectionné quelques-uns, accessibles et brillants, pour que la lutte continue !
1. Un lieu à soi, de Virginia Woolf (1929)- Le plus emblématique
Chef-d'oeuvre écrit en 1928 suite à une série de conférences, cet essai est un des piliers du féminisme. Virginia Woolf nous parle de création et d'expression, et formule sa célèbre théorie : pour pouvoir créer, une femme doit disposer d'un "lieu à soi"; un endroit où elle peut être elle-même et seule pour être disponible mentalement. Elle parle également d'histoire littéraire, de la place des femmes et d'asservissement intellectuel. Un emblématique à dévorer en une soirée !
2. Les Grandes oubliées, de Titiou Lecoq (2021) - Le plus historique
Comment penser l'Histoire en entier, quand l'Histoire que l'on nous raconte depuis l'enfance est celle des hommes par les hommes ? Titiou Lecoq nous propose une relecture de cette Histoire biaisée dans un style à la fois limpide et drôle. Elle interroge les mécanismes qui ont invisibilisé les grandes femmes mais aussi les plus effacées (saviez-vous qu'il y avait des femmes bâtisseuses de cathédrales ?). Attention cependant, ce livre va changer votre vision de l'Histoire et de tout ce que vous pensiez connaître !
3. Nous sommes tous des féministes, de Chimamanda Ngozi Adichie (2015) - Le plus accessible
Ce texte est issu d'une conférence qu'a donnée Chimamanda Ngozi Adichie en 2012. Elle y fait un état des lieux des discriminations envers les femmes, et permet de se réapproprier le terme de "féminisme" - qui n'a pas toujours bonne presse. Le cheval de bataille de Chimamanda Ngozi Adichie, c'est l'éducation. Cet essai est donc une ôde à l'éducation des petits garçons, pour tendre vers un peu plus d'égalité. Très facile à lire et très court, ce livre est un bon tremplin pour (re)voir les bases du féminisme.
4. Réinventer l’amour, de Mona Chollet (2021) - Le plus amoureux
Ah l'amour (hétéro) ! En voilà un sujet tumultueux chez les féministes. Comment être en couple avec un homme en restant féministe ? Comment être libre quand le patriarcat tente de nous contraindre ? Mona Chollet décortique cet angle-mort des luttes féministes et nous invite à repenser nos relations amoureuses pour briser le cycle de la domination invisible au sein du couple et vivre -vraiment- heureux-ses. Un hymne à l'amour décomplexé !
5. Le corps des femmes, de Camille Froidevaux-Metterie (2018) - Le plus déculpabilisant
On le sait, parmi les méfaits du patriarcat, celui du contrôle du corps féminin en est un bien ancré. Dans cet essai, la philosophesse Camille Froidevaux-Metterie nous parle de maternité et de non-désir d'enfant, de dikats de la beauté et de normes esthétiques mais aussi de plaisir, de sexualité et de menstruations. Elle nous invite ainsi à redécouvrir nos corps et leurs mécanismes, sans jugement. Ce texte est un premier pas vers l'émancipation et la reconquête de soi.
6. Sortir du trou, lever la tête, de Maïa Mazaurette (2021) - Le plus jouissif
Ce livre se compose de deux parties. La première plutôt théorique déconstruit les croyances autour de la sexualité et les injonctions qui font du plaisir un laissé-pour-compte. La seconde propose des tas de manières de repenser la sexualité, sans jamais donner d'ordres ou d'exemples précis, afin de laisser libre court à nos envies et nos imaginaires. Un livre novateur et déculpabilisant, qui permet un tour d'horizons de nos propres biais pour (re)trouver une sexualité joyeuse et décomplexée.
7. Défaire le discours sexiste dans les médias, de Rose Lamy (2021) - Le plus politique
Depuis 2019, Rose Lamy répertorie sur sa page instagram @Préparez-vous pour la bagarre les propos sexistes des médias. De ce travail titanesque est né ce livre, qui étudie les mécaniques de langage qui invisibilisent les violences faites aux femmes pour les reléguer au rang de faits-divers. Lire cet essai, c'est découvrir que les mots ont des conséquences, qu'ils forgent la pensée commune, et que nommer les violences, c'est déjà lutter contre.
8. Femmes, race et classe, de Angela Davis (1983) - Le plus intersectionnel
L'historienne et militante Angela Davis nous propose avec cet essai une approche intersectionnelle, c'est-à-dire qui allie plusieurs causes. Elle nous montre que les luttes pour les droits des femmes doivent être pensées dans des contextes d'inégalités sociales et raciales. A travers un récit historique des femmes noires depuis l'esclavage, l'idée est de comprendre que les discriminations ne sont pas les mêmes pour toutes les femmes. Le livre parfait pour faire converger les luttes !
9. Une culture du viol à la française, de Valérie Rey-Robert (2019) - Le plus introspectif
Selon l'ONU, la culture du viol c'est «l’environnement social qui permet de normaliser et de justifier la violence sexuelle». Ce livre étudie les mécanismes qui continuent de banaliser les violences, comme la responsabilisation des victimes (le fameux "elle portait une jupe") ou la prétendue séduction à la française. La force de ce livre, c'est de nous faire réaliser nos propres biais, nos propres préjugés pour nous permettre de lutter contre cette culture du viol au quotidien.
10. King Kong Théorie, de Virginie Despente (2006) - Le plus provocateur
Dans un langage cru et parfois violent, Virginie Despentes nous parle de sexualité, de prostitution, de pornographie, de viol, et de la violence des hommes. Mêlé de théories féministes et de récits d'expériences personnelles, cet essai se dévore d'une traite. C'est un essai coup de poing, parfois brutal (comme le patriarcat), tellement fort et tellement empuissançant. A la fin de votre lecture, vous n'aurez qu'une envie : pulvériser le patriarcat.